Homélie, 2ème dimanche de Pâques

16 avril 2023

Shalôm !

En ce deuxième dimanche de Pâques, le frère Ghislain Paris, O.P., nous offre une homélie qui entrecoupe et accompagne l’évangile et dans laquelle les cicatrices du Christ ainsi que les autres, toutes ces victoires douloureuses, sont à l’honneur.
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Homélie

Un petit temps de réflexion pour nous préparer à recevoir l’évangile!

Il y a quelques années, j’ai entendu un humoriste raconter l’histoire d’une balafre qu’il a au-dessus de son œil. À la télé, ce n’est pas très beau. Et c’est pourquoi sa femme, ses enfants et son équipe de production lui recommandaient fortement d’avoir recours à la chirurgie plastique. Une affaire de rien! Après mûre réflexion, l’humoriste a décidé de garder sa cicatrice telle quelle.

Jeune enfant, son grand frère lui avait bien promis de prendre soin de lui. Mais il ne le voyait pas souvent. Un jour, il était à bicyclette et il est tombé par terre en peine rue, la face la première. Il saignait abondamment. Son grand frère était là. Il est venu avec lui chez le médecin, à l’hôpital, et était présent quand on lui a fait 15 points de suture. Il voulait garder bien présent l’amour de son grand frère pour lui.

C’est bien vrai que notre corps porte des bagages génétiques de toutes sortes, qui nous viennent de nos parents, de nos ancêtres et parfois aussi de notre peuple : forces et faiblesses, talents, richesses ou tares que nous ignorons trop souvent et qui nous influencent.

Mais notre corps, mon corps porte aussi le souvenir des accidents de ma vie, des maladies, des coups, des violences rencontrées et des symptômes qui se sont logés en moi, sur moi, sur ma peau. Ces marques me viennent de mon histoire : stigmates non seulement physiques, mais aussi psychologiques, sociales et parfois aussi spirituelles.

Vous faites partie d’une génération qui aime bien les tatouages; ce sont des rappels sur la peau de rencontres importantes, de points tournants de votre histoire. Dans l’intimité, ma génération fait volontiers voir les cicatrices laissées par des opérations chirurgicales : rein, vésicule biliaire, cœur. Reflets de maladies, de mon histoire imprimée dans ma chair, dans mon corps.

L’évangile de ce soir va nous parler du Corps du Christ, de son humanité dans la chair, des signes de son histoire.

Écoutons-en une première partie!

*** (1ère partie de l’évangile) ***

 

Ça s’est passé le soir de Pâques, le jour un de la semaine. Pendant une réunion des disciples. Les portes verrouillées par peur. Jésus vient, se tient au milieu d’eux. Et leur dit : Shalôm! La paix soit avec vous.

Nous sommes réunis, un dimanche soir, comme disciples de Jésus. Les portes de l’église ne sont pas verrouillées. Mais nous pouvons quand même avoir peur, être paralysé-es au fond de nous.

Par des épisodes de notre histoire ancienne. Nous avons été peut-être témoins de la violence, de l’injustice. Et ces événements ont laissé des traces en nous. Jésus vient parmi nous et nous redit : Shalôm!

Le soir de Pâques, les disciples sont dans la joie. Comment sont-ils passés de la peur à la joie? Pouvons-nous vivre ce même passage?

Jésus leur montra ses mains et son côté. Il n’a pas honte de ses cicatrices … guéries.

Comme homme ressuscité, il renverse notre manière de voir une vie réussie. Souvent quand nous faisons le bilan de nos vies, nous nous vantons de nos exploits, de nos bons coups, de nos médailles, de nos nominations et de nos promotions. Et nous faisons bien de le faire. Mais nous laissons dans l’ombre certains aspects sombres : nos faiblesses, nos maladies, nos fragilités, nos thérapies. Elles font partie intégrantes de nous. La résurrection concerne tout notre être.

Jésus nous apprend à prendre soin de nos plaies. Nos guérisons lentes, nos cicatrices qui mettent du temps à tenir bon. Il souffle sur nous, il nous recrée avec elles. Il nous envoie. Il confie à son Église, à nous, le pouvoir d’ouvrir et de fermer ce qui se passe au plus profond de nous!

*** (2ème partie de l’évangile) ***

 

Un autre dimanche arrive : 8 jours après Pâques. Comme nous ce soir!

Thomas est présent, le premier non-pratiquant de l’histoire!

Je le trouve bien sympathique. Il peut même être notre modèle, notre jumeau dans sa manière de cheminer dans la foi. Il ne se fie pas aux autres pour se faire une idée. Son approche est méthodique, rationnelle, déductive, structurée, presque « scientifique ». Il veut aller à son rythme. Il exige de vérifier, par les yeux, les doigts et par la main : voir la marque des clous, toucher la marque des clous et mettre la main dans le côté… si…je ne croirai pas!

Et Jésus était là au milieu d’eux. Shalôm! Dans vos peurs, dans vos exigences. Jésus rejoint Thomas dans les portes closes de ses exigences; il se plie à ses critères de vérification. Poser sa main dans le côté, dans le flanc, c’est aller au cœur même du mystère, entrer dans l’intimité de la personne. Et Thomas bondit dans la foi : des cicatrices à la personne même de Jésus. Mon Seigneur et mon Dieu.

La foi est une force, une puissance de vie que nous connaissons mal, que nous utilisons vraiment peu dans nos thérapies, dans nos efforts de guérison, de reprise en mains de nos vies. La Résurrection est à l’œuvre : chaque huit jours, chaque dimanche.

Nous pourrons alors continuer à écrire d’autres signes que Jésus fait en présence des disciples. Tel que c’est écrit à la fin de l’évangile et que je vous lis maintenant!

Fr. Ghislain Paris, O.P.

 

*** (3ème partie de l’évangile)

 

PRIÈRE

Dieu vivant, Dieu de Jésus Christ,
ne laisse pas les portes de notre cœur
se fermer par incrédulité
mais ouvre-les toutes grandes
à la présence de ton Fils.
En ce premier jour de la semaine,
il vient au milieu de nous
et nous offre sa paix.
Accorde-nous de croire en lui sans l’avoir vu,
et de le contempler un jour
dans la gloire où il règne
avec toi et le Saint-Esprit
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.