Homélie, vendredi de l’Octave de Pâques

14 avril 2023

Osons jeter le filet !

Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., nous exhorte à vivre l’expérience pascale en faisant confiance à la Parole du Ressuscité, en osant lancer le filet une dernière fois.
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Homélie

Chers fidèles : l’évangile d’aujourd’hui nous fait penser que nous aussi pouvons avoir de mauvaises nuits et des échecs dans notre travail, des déceptions sur notre chemin. Mais nous pouvons retenir la leçon des apôtres : quand Jésus n’était pas là, les pêcheurs n’arrivaient à rien ; en suivant sa parole, ils ont rempli la barque. Jésus nous déborde toujours, dépassant de loin nos attentes de recevoir son don. C’est le Christ en qui nous croyons et que nous suivons : le Ressuscité qui nous apparaît mystérieusement. Cela nous invite à ne jamais perdre espoir ni à nous laisser emporter par le découragement.

Peut-être nous retrouvons-nous, comme Pierre et ses compagnons de pêche, avec une barque vide et découragé, après avoir tenté de pêcher toute la nuit sans résultat. C’est l’une de ces nuits d’efforts futiles que nous avons tous vécues à l’occasion. Mais la lumière entre dans la nuit fermée de nos routines inefficaces, et nous vivons une sorte d’expérience pascale.

Relancer le filet, cette fois à droite de la barque, c’est continuer à pêcher, ne pas renoncer à nos responsabilités, oser aller un peu plus loin de là où nous sommes, pour répondre à un nouveau défi. Cette pêche miraculeuse est un symbole de l’action missionnaire. Jésus sur le rivage accompagne les disciples dans leur travail.

Une fois de plus apparaît le disciple que Jésus aimait, celui qui aime Jésus par-dessus tous les autres dans sa suite, et qui a des yeux spéciaux pour le distinguer. Il est le premier à reconnaître Jésus. Cela se passe chez les disciples de ce temps-là et chez ceux de tout temps, même aujourd’hui. Chacun de nous peut être le disciple bien-aimé par Jésus. Pierre saute à l’eau tandis que les autres tirent un filet si plein de poissons qu’ils craignaient qu’il n’éclate avant d’atteindre le rivage. Une fois de plus, la présence vivante du Maître parmi nous nous déconcerte.

Le filet plein de poissons que les disciples viennent de pêcher est le signe et le fruit de notre recherche, de notre travail. Notre seule force ne nous conduit pas à l’expérience de la vie, mais sans effort, sans risquer de nous jeter dans l’abîme, nous ne reconnaissons pas non plus le Seigneur.

Les messages de cette première semaine de Pâques conjuguent toujours le don et la recherche, la grâce du Seigneur qui devient visible et l’effort de ses amis qui scrutent partout ses empreintes. De différentes façons, pendant le temps pascal, nous sommes invités à aller toujours plus loin, comme si la résurrection de Jésus nous donnait ce surcroît d’audace dont nous avons besoin pour vivre.

La recherche constante de tout ce qui est le plus facile, le plus confortable, le plus raisonnable, est le chemin le plus direct vers la tombe, le chemin le plus anti-Pâques, car c’est comme refuser d’accepter ce qui s’est passé le premier jour de la semaine.

Nous aussi nous sentons la dureté, la difficulté de rapprocher les gens du Maître. Mais il nous exhorte à continuer à jeter les filets, afin que nous ne nous lassions pas dans cette tâche de rendre les gens libres, cohérents avec l’évangile, ouverts à la mystérieuse présence de Jésus.

Aujourd’hui plus que jamais, l’Église a besoin de transmetteurs séculiers de la bonne nouvelle. Rapprocher quelqu’un de la personne de Jésus, de son mode de vie, est la voie idéale pour atteindre le bonheur. C’est le plus beau cadeau que nous puissions offrir à quelqu’un que nous croisons sur notre chemin. Osons jeter le filet!

Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
par le mystère pascal,
tu as rétabli l’humanité dans ton alliance ;
accorde-nous d’exprimer par nos actes la foi
que nos célébrations proclament.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.