Homélie, mardi, 2ème semaine du Carême

Peut-être vous rappelez-vous cette chanson interprétée par Pauline Julien ‘As-tu deux minutes?’ Pendant que nous entendions en arrière-plan le refrain « As-tu deux secondes, as-tu deux minutes, As-tu deux minutes à me consacrer? », Pauline Julien récitait un monologue. Elle représentait une femme de 40 ans qui suppliait Roger, son mari, d’enfin rester avec elle à table au déjeuner pour l’écouter.

J’ai que’que chose d’important à t’dire
j’m’attends pas à c’que tu m’répondes
j’voudrais juste que tu m’écoutes.

Reste assis, va-t-en pas!
Écoute, écoute-moi
même si j’ai pas les bons mots
ça fait tellement tellement longtemps
qu’tout’ reste pogné dans ma gorge.

Mais pour une fois, veux-tu m’écouter?

Chanson poignante à laquelle j’ai pensé en écoutant Dieu, par le prophète Isaïe, dire à son peuple, qu’il compare aux chefs de Sodome ou au peuple de Gomorrhe, VENEZ, ET DISCUTONS! J’ai été frappé par le ‘discutons’. Dieu vient de se lancer dans une diatribe contre son peuple comme cette pauvre femme qui en a gros sur le cœur et qui supplie son mari d’enfin venir discuter avec lui! Au lieu de châtier son peuple infidèle, Dieu l’invite. Même si ses péchés sont comme l’écarlate, qu’il vienne et discute avec lui. Enfin, on pourra se comprendre. Tes péchés deviendront alors comme de la belle laine blanche. Un nouveau départ!

Venez et discutons des vraies affaires. Discutons : dis-moi ce qui se passe en toi. Ne me parle pas de la longueur de tes phylactères ni de celle de tes franges. Parle-moi de toi! Viens à moi, n’aie pas peur : je suis ton Père.

Tu peux penser que, moi dans mon ciel, le Très-Haut, je suis très loin. Je comprends. Voilà pourquoi j’ai envoyé mon Fils que tu peux écouter : il est le vrai Rabbi, le Maître avec qui tu peux parler. Il a des oreilles pour t’entendre, des yeux pour te voir, des mains pour t’accueillir, des pieds et des jambes pour aller vers toi et surtout un cœur pour te comprendre et t’aimer!

Arrête de me raconter des bobards, parle-moi des vraies affaires. Ne te cache pas devant moi. D’ailleurs, que peux-tu bien me dissimuler? Arrête de te cacher dans le jardin comme Adam et Ève ont fait : ils avaient peur de moi après avoir mangé du fuit défendu!

« Sois courageux avec tes péchés », comme dit le pape François, commentant ce passage! Ne sois pas comme ces scribes et pharisiens que Jésus vilipende dans l’Évangile. Enlève le maquillage de ta vanité, de ce que tu appelles tes bonnes œuvres pour te glorifier et t’illusionner sur toi-même. Présente-toi simplement sans le vernis qui masque tes défauts. Pour une fois, dans la vérité, sans chercher à impressionner quiconque et surtout pas moi, ton Dieu!

Oui, frères et sœurs que notre prière soit une vraie prière où nous parlons de notre réalité « de nos péchés, de nos misères avec le Seigneur. Lui sait, il sait ce que nous sommes ».

« Venez, parlons, parlons. À la fin, Moi, je suis capable de changer vos vies du rouge au blanc », concluait le pape François.

As-tu deux minutes à m’consacrer?

Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

PRIÈRE

Avec une inlassable bonté, Seigneur,
veille sur ton Église ;
comme, sans toi, l’homme mortel succombe,
puisse ton aide constante nous arracher au mal
et nous diriger vers le salut.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.