9 DÉCEMBRE 2022
Comme des enfants capricieux
Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., veut faire un « wake-up call », nous pousser à prendre Jésus au sérieux et à sortir de nos rigidités.

LIVRE DU PROPHETE ISAÏE (48, 17-19)
Ainsi parle le Seigneur, ton rédempteur,
Saint d’Israël :
Je suis le Seigneur ton Dieu,
je te donne un enseignement utile,
je te guide sur le chemin où tu marches.
Si seulement tu avais prêté attention à mes commandements,
ta paix serait comme un fleuve,
ta justice, comme les flots de la mer.
Ta postérité serait comme le sable,
comme les grains de sable, ta descendance ;
son nom ne serait ni retranché
ni effacé devant moi.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (11, 16-19)
En ce temps-là,
Jésus déclarait aux foules :
« À qui vais-je comparer cette génération ?
Elle ressemble à des gamins assis sur les places,
qui en interpellent d’autres en disant :
“Nous vous avons joué de la flûte,
et vous n’avez pas dansé.
Nous avons chanté des lamentations,
et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.”
Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas,
et l’on dit : “C’est un possédé !”
Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit,
et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne,
un ami des publicains et des pécheurs.”
Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste
à travers ce qu’elle fait. »
Homélie
Il y a un double langage dans le cœur de l’homme : la tristesse et la joie. Le bon cœur est attristé par le mal et se réjouit par le bien. Nous nous comportons parfois comme des enfants capricieux, sans sagesse ni discernement, qui détruisent l’appel de Dieu et finissent par se détruire eux-mêmes. Jésus démasque nos attitudes néfastes pour que nous devenions comme des enfants au cœur pur, qui connaissent le don de Dieu.
L’explication de Jésus sur la comparaison qu’il fait des jeux et de la musique des enfants sur la place est claire. Le Baptiste, avec son style de vie austère, est rejeté par beaucoup : il est possédé, il est trop exigeant, il doit être fanatique. Jésus vient, lui qui est beaucoup plus humain, qui mange et qui boit, qui est capable d’amitié, mais ils le rejettent aussi : « C’est un glouton et un ivrogne. »
Au fond, ceux qui ont critiqué Jésus ne veulent pas changer. Ils sont bien comme ils sont et le prophète de service doit être discrédité de quelque manière que ce soit s’il ne porte pas le message qu’ils veulent entendre. Le portrait de nombreux chrétiens qui ne prennent pas Jésus au sérieux dans leur vie peut être en partie le même que celui des classes dirigeantes d’Israël, n’acceptant ni Jean ni Jésus : entêtement, obstination, et sûrement aussi puérilité et immaturité.
Il y a des insatisfaits chroniques de la vie. Ils se plaignent toujours, ils se réfugient dans leurs critiques et ne voient le mal que dans la vie et les choix des autres. Cette attitude est pour eux la meilleure excuse pour justifier leur volonté de ne pas changer. Une personne ne les convainc pas parce qu’elle vient de tel endroit ou parce qu’elle est comme-ci ou comme-ça. Et ils critiquent également d’autres personnes ou tâches. Il nous est difficile de nous engager. Mais si nous prenons le Christ au sérieux, cela change notre vie, et nos critères sont mis à l’épreuve.
La loi de Moïse interdisait aux juifs de s’approcher des malades de la lèpre et des pécheurs par crainte de contagion et de devenir impur par le péché. Ces gens qui jugent ainsi n’ont pas découvert que Jésus ne sera pas sale, mais qu’il les purifiera. Chez Jésus réside tout le bien. Le bien qui ne se salit pas au contact du mal, mais plutôt le défait et le nettoie. Il est la lumière qui surmonte les ténèbres.
La critique contre Jésus, rappelée par lui-même au début de l’évangile d’aujourd’hui, est au fond une louange dans sa partie finale : « voilà un ami des pécheurs ». Simple déclaration qui est née du mépris et de l’envie, et qui décrit pourtant bien le mystère et le ministère de Jésus-Christ : il est l’ami des pécheurs, l’ami de leurs ennemis.
Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.
PRIÈRE