Homélie, jeudi, 1ère Semaine de l’Avent

Les paroles de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui font partie du sermon sur la Montagne, l’enseignement qui commence avec les béatitudes. Dans cet enseignement, Jésus nous exhorte à avoir une attitude cohérente comme disciples, un discernement constant et des cœurs sincères qui cherchent le royaume des Cieux.

L’exemple de la construction d’une maison est imposant, car il cherche à mettre de l’avant l’essentiel dans la vie du disciple, c’est-à-dire entendre les paroles du Maître et en faire une base et une expérience concrète. Effectivement, nous pouvons utiliser l’image d’édifier la vie humaine sur le roc ou sur le sable. Souvent, mon père me disait l’expression : « ne construit pas des châteaux dans l’air » pour m’encourager à rester dans la réalité et à bien la comprendre selon mes circonstances concrètes.

Aujourd’hui, par exemple, notre société a construit son économie globale sur les désirs et l’ambition du pouvoir, l’accumulation des biens, le contrôle à tout prix, etc…, la conséquence étant que nous sommes témoins de l’écroulement de notre maison commune. Ce bien-être éphémère après lequel nous courons nous passera la facture pendant encore plusieurs générations afin de rétablir un équilibre dans la biodiversité de notre planète.

De façon semblable, notre vie de foi peut être construite sur une attitude égocentrique. Parfois, elle peut être basée sur une pratique religieuse concentrée uniquement sur la relation entre Dieu et moi, pratique certainement très pieuse, mais pas très charitable lorsqu’on met de côté l’engagement avec et envers nos frères et sœurs dans le besoin. Cette expérience de foi ne possède donc pas de fondations solides parce qu’elles sont incomplètes et, comme pour la maison sur le sable, elle fait courir le risque à la communauté croyante de s’écrouler, de s’effriter peu à peu. Malheureusement, très souvent, j’entends parler d’un manque de cohérence chez nos communautés croyantes, principalement chez ceux qui ont la responsabilité de veiller sur leurs fondements.

Alors, comment discerner et mettre en pratique la volonté du Père? La liturgie nous offre ce temps de l’Avent comme une opportunité pour édifier notre vie sur des bases solides, centrées sur la Parole de Dieu et les valeurs sûres de sa morale, plutôt que sur les tendances changeantes des êtres humains. Commençons par identifier les paroles de Jésus qu’on a de la difficulté à mettre en pratique! Aussi, comme toute maison accueillante et protectrice, la foi elle a besoin de réparations et de maintenance régulière; notre vie comme disciples du Christ est un constant discernement pour solidifier la paix, l’espérance, la joie, le partage, l’amour… qui doivent avoir un impact positif sur la communauté. Comme dans l’édification d’un bâtiment, ou la pratique d’un sport ou d’un instrument musical, la mise en pratique de la Parole de Dieu est un éternel chantier d’amour.

Qu’en ce début de l’Avent, la Parole du Christ initie en nous tous un éveille et nous aide à persévérer dans ce processus de transformation. Même si on a de la difficulté à mettre en pratique l’amour et le pardon pour tous, ce n’est pas une raison pour abandonner. Il n’est pas suffisant d’entendre et de savoir ce que Jésus a dit; il est absolument nécessaire de s’impliquer dans son œuvre, de prendre des décisions, de participer à la construction d’un monde de justice et de paix, une construction avec des fondations solides et durables, bâties sur le roc, bâties dans la confiance en Dieu qui est le « Roc éternel » (Is 26, 4).

Gustavo Adolfo Garay Ortega

PRIÈRE