Homélie, 25ème mardi du Temps Ordinaire

Hier, l’évangile se terminait par cette mise en garde de Jésus : « Faites attention à la manière dont vous écoutez! » L’épisode d’aujourd’hui où la famille de Jésus incluant sa mère essaie de le rencontrer mais n’y parvient pas à cause d’une trop grande foule autour de Jésus nous permet de faire un pas en avant sur l’importance de cette écoute de la parole. Non seulement les paroles de Jésus nous orientent dans cette direction mais l’ensemble du récit lui-même qui est tout à fait muet sur les motivations de Marie et de ses frères ainsi que sur leur succès ou leur insuccès à rencontrer Jésus. Tout est centré sur la Parole et son écoute.

La réaction du Seigneur est très importante car, selon ce dernier, le lien fondamental avec lui ne se situe pas au niveau du sang mais à celui de l’obéissance à la Parole de Dieu. ‘Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique’. Attention, les liens du sang et la nouvelle famille du Seigneur ne s’opposent pas. En effet, rappelons-nous cette scène de la visitation où Marie est accueillie par sa cousine Élisabeth. Que lui dit cette dernière? ‘Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur’ rappelant la réponse de Marie à l’archange Gabriel ‘Voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole’. Toujours la parole, son accueil et l’obéissance. Ainsi le lien avec Jésus, pour Marie, se situe d’abord et avant tout au niveau de la place qu’elle a accordée à la Parole, à sa foi. Marie, mère selon la chair, donne l’exemple de la croyante qui fait de la Parole le centre de sa vie au point de la donner au monde. Comme elle, tous et toutes doivent mettre en pratique la Parole de Dieu.

Il est intéressant d’observer que Jésus ne dit pas ‘ceux qui écoutent mes paroles’ mais ‘ceux qui écoutent la Parole de Dieu’. Ce qui décide de l’appartenance à sa famille n’est pas l’écoute des paroles de Jésus mais de la Parole de Dieu. Certes ses paroles sont pour nous Parole de Dieu mais il y a une nuance importante. Cela signifie que des personnes de bonne foi qui ne connaissent pas Jésus mais qui écoutent la Parole de Dieu, en suivant leur conscience, font partie de sa famille.

La première lecture extraite du livre des Proverbes montre bien l’importance de la conscience en présentant certaines maximes de sagesse pour mener une vie droite. Je ne peux que vous encourager à relire ce texte. ‘Accomplir la justice et le droit plaît au Seigneur plus que le sacrifice’. Le Seigneur ne dira pas autre chose. J’ai bien aimé cette maxime : ‘Quand on punit l’insolent, l’étourdi devient sage; le sage, il suffit de le raisonner pour qu’il comprenne’. Je me souviens d’un supérieur qui avait demandé à un frère : ‘es-tu de ceux à qui il est possible de faire une remarque ou non ?’ Et la toute dernière ‘Qui fait la sourde oreille à la clameur des faibles criera lui-même sans obtenir de réponse’.

Que ces deux textes nous soient proposés aujourd’hui constitue une heureuse coïncidence. La Parole de Dieu et le fruit de la sagesse humaine, ici, on le sent bien, informée par la riche tradition de la pensée juive, sont mis en parallèle. D’ailleurs, dans notre tradition catholique la Parole de Dieu et la sagesse humaine constituent des assises de la vie morale.

Ainsi la mise en pratique de la Parole de Dieu dont le Christ est le parfait Révélateur conduit l’être humain vers sa pleine réalisation humaine et spirituelle tout en l’introduisant dans la famille de ceux et celles qui passent avec lui de la mort à la vie.

Fr. André Descôteaux, O.P.

PRIÈRE