Homélie, 24ème mardi du Temps Ordinaire

13 SEPTEMBRE 2022

Membres d'un seul corps

Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous rappelle que le Christ désir l’unité pour son Corps, pour ces enfants, une unité qui passe par la compassion et le partage des joies et des peines de chacun et chacune.
homelie

Homélie

Par expérience, nous savons bien que dans un couvent, en fait, dans toutes les organisations, il est important de bien définir les tâches et d’établir clairement les responsabilités de chacun ou de chacune. Sinon, des conflits peuvent survenir ou encore des tâches risquent de ne pas être accomplies, l’un pensant que l’autre le ferait. Attention si l’un empiète sur les fonctions d’un autre même s’il est le patron, le boss comme on dit chez nous.

Nous pourrions lire l’extrait de la lettre aux Corinthiens d’aujourd’hui d’un simple point de vue organisationnel comme si Saint Paul, de sa sagesse, donnait une leçon de management. Mais qu’y trouve-t-on?

« Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous » (vv. 4-6).

C’est clair : Paul dépasse le plan purement sociologique. La variété des dons, des activités sont les fruits de la grâce, de l’Esprit, de l’agir de Dieu. Paul insiste fortement sur l’origine théologale du corps que nous formons. Quel est le but de cette action de Dieu et de son Esprit : le bien! Le bien de qui? Sans doute de l’ensemble? Mais ne peut-on pas élargir la perspective en évoquant le bien du monde? Car l’Église est d’abord là pour être signe, lumière du salut offert à l’ensemble de l’humanité!

Paul va ensuite insister longuement sur la complémentarité de toutes les parties du corps : « L’œil ne peut pas dire à la main : “je n’ai pas besoin de toi” » (v. 21). Il va même évoquer ces parties du corps qui apparaissent les moins honorables et que pourtant nous traitons avec plus d’honneur (v. 23).

Au-delà de la complémentarité et du refus de la division, il souligne que « les différents membres doivent avoir le souci les uns des autres ». Il va encore plus loin « si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie » (vv. 25-26).

On le voit bien, Saint Paul ne parle pas de n’importe quelle organisation, mais du Corps du Christ. Notre unité, certes nous la construisons, mais elle est fondamentalement à recevoir, car elle est une respiration commune, l’Esprit, une vie partagée, celle du Christ.

Dans l’Évangile de ce jour, le Christ est ému en voyant cette veuve qui enterre son seul enfant. Il sait le sort qui l’attend. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit, il lui dit : « Ne pleure pas. » Et touchant le cercueil : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » La foule a bien raison de s’écrier : « Dieu a visité son peuple ».

Comment être le Corps du Christ sans être habité par sa compassion, par sa capacité d’être touché par ce que vivent les autres, et d’abord par ce que vivent nos propres frères et sœurs? « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ » (Gaudium et spes).

Si cela doit être vrai par rapport au monde, cela doit l’être éminemment entre nous, nous qui formons le Corps du Christ!

Alors que nous offrirons le pain et le partagerons, alors que nous offrirons la coupe à laquelle nous boirons, comme le Seigneur nous a dit de le faire, prenons bien conscience que le corps auquel nous communierons est son corps glorieux, son corps où nous sommes tous et toutes intégrés. Oui, nous recevrons réellement ce que nous sommes. Ne séparons pas ce que Dieu a uni en son Fils par son Esprit!

Fr. André Descôteaux, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
force de ceux qui espèrent en toi,
tu as rendu illustre le bienheureux évêque Jean Chrysostome
par une merveilleuse éloquence
et par les épreuves qu’il a endurées ;
accorde-nous la grâce de suivre ses enseignements
pour avoir la force d’imiter sa patience inébranlable.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.