Homélie, 24ème dimanche du Temps Ordinaire

11 SEPTEMBRE 2022

Entraînés par la joie de Dieu

Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous explique la passion de Dieu lorsqu’il part à la recherche de ses enfants égarés et la joie qu’il éprouve lorsqu’il en retrouve un(e).

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Homélie

Je ne sais pas si la liturgie nous fait un clin d’œil en nous présentant ces paraboles sur la miséricorde et la conversion après nos vacances estivales. Plus sérieusement, de ces deux paraboles que nous venons d’entendre, j’affectionne particulièrement la deuxième où la femme recherche la pièce d’argent qu’elle a perdue. Je l’aime parce que je me reconnais en elle. Il m’arrive si souvent de chercher ce que je crois avoir perdu en particulier mon iPhone. Généralement, tout va bien, car, ayant une ligne extérieure dans ma chambre, je m’appelle et mon iPhone sonne. Toutefois, c’est plus compliqué quand il est en mode vibration. Mais le pire pour moi c’est quand j’égare mes AirPods. C’est petit. J’ai eu beau utiliser le logiciel ‘Localiser’, il n’est pas assez précis. Un jour, il m’a fallu, comme la femme de la parabole, sortir le balai. Finalement, je les ai retrouvés. J’avais si peur de marcher dessus. Puis je me disais ‘si je les ai perdus, pourrais-je les remplacer?’ Heureusement, je les ai aperçus cachés derrière une patte de mon bureau. J’étais vraiment heureux, mais je n’ai pas invité mes frères voisins.

Ces deux paraboles sont suivies par celle de l’enfant prodigue que nous avons entendue durant le carême. Contrairement au père de l’enfant prodigue qui attend son fils, dans les deux paraboles de ce soir, et la femme et le berger partent à la recherche de ce qu’ils avaient perdu. Ils ne sont pas passifs. Ils s’engagent activement. Peut-être parce que leur perte aurait des conséquences pénibles comme cette femme qui aurait perdu le dixième de sa fortune, mais aussi tout simplement parce que, dans le cas du berger, la brebis qui s’est égarée est ‘sa’ brebis. Dans un évangile apocryphe où cette parabole est reprise, il est dit que le berger part à sa recherche parce qu’elle est la plus grosse. Ici, rien de cela. Le berger laisse les 99 autres parce qu’elle est à lui. S’il avait été un mercenaire, peut-être se serait-il dit qu’est-ce qu’une brebis de perdue sur 100? Il aurait inventé une histoire à son patron et tout aurait été réglé. Non, le vrai berger part. Il se met à sa recherche. Il ne craint pas d’affronter le désert. Et une fois retrouvée, il la met sur ses épaules. Tout joyeux, comme la femme qui retrouve la pièce perdue, il fait la fête!

Tel est Dieu. Dieu qui depuis la faute d’Adam est à la recherche de l’être humain égaré. Souvenez-vous, dans les tout premiers chapitres de la Genèse, Dieu, après qu’Adam et Ève aient mangé du fruit défendu et se soient cachés de lui parce qu’ils avaient honte et craignaient sa réaction, Dieu les cherche ‘Adam où es-tu?’ Cet appel de Dieu ne cesse de résonner dans cette histoire que nous appelons sainte. Dieu à la recherche de l’être humain qui se perd, se cache, s’enferme dans sa honte et sa culpabilité ou encore qui s’entête. Cette quête atteindra son sommet dans la présence parmi nous de Jésus, le Fils de Dieu, venu nous chercher dans nos ténèbres, même celles de la mort, pour nous conduire vers le banquet rassemblant tous les enfants de Dieu dispersés.

Non seulement Dieu vient à notre recherche, mais il est joyeux quand il nous retrouve! Est-ce possible? Dieu, Dieu est heureux quand il peut nous porter sur ses épaules, nous qui sommes souvent épuisés par notre fuite. ‘Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion ».

Mais que dire de cette colère de Dieu devant la faute de son peuple qui adore un faux dieu, colère que Moïse essaie de calmer? Évidemment, un traité avait été conclu entre Dieu et son peuple. Ce dernier venait de lui manquer gravement. Dieu aurait pu s’en tenir à la lettre du contrat. Mais son but n’est pas, ultimement, d’établir une relation de donnant à donnant entre lui et l’humanité. Il souhaite que celle-ci reconnaisse en lui un Père et comprenne qu’elle n’a d’avenir qu’en aimant.

Toutefois, ne nous faisons pas d’illusions : Dieu n’est pas indifférent au mal que nous commettons. Au contraire, il le bouleverse comme un père est ébranlé par le mal que s’inflige son enfant. S’il comprenait! S’il comprenait que je l’aime! Et pour que nous le comprenions, Dieu, notre Père, a envoyé son Fils à notre recherche.

Il nous recherche. Saint Paul en a fait l’expérience. Non seulement il lui a été fait miséricorde dans le Christ, mais il a été choisi pour devenir son apôtre et témoigner de cette miséricorde. Celle-ci n’est pas un cadeau à garder pour soi. Au contraire, la joie de Dieu doit entraîner le monde.

Jésus a prononcé ces paraboles pour des pharisiens et des scribes « qui récriminaient contre lui : ‘Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux!’ » L’évangéliste nous dit même que « les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter ». Mais, à moins que je ne me trompe, je ne vois pas beaucoup de pécheurs publics, de publicains ou de prostituées parmi nous. Qui, aujourd’hui, part à la recherche de la brebis perdue, porté par cette passion de Dieu pour ses enfants égarés? Qui est le témoin de sa joie lorsqu’un pécheur se convertit? Le pape François a tellement raison de nous envoyer à la recherche de ses enfants dispersés pour que, avec l’ensemble de la communauté, ils viennent chanter leur joie et communier à celle de notre Dieu et Père. Pourquoi ne pas témoigner de la miséricorde du Seigneur dont nous sommes l’objet et de la joie qui envahit nos cœurs? Pourquoi, dans cette année qui commence, ne pas être les témoins joyeux de la miséricorde et partir à la recherche de ce qui est perdu? Nous n’aurons probablement pas à aller bien loin. Bonne année de joie!

Fr. André Descôteaux, O.P.

PRIÈRE

Dieu de longue patience,
tu te mets à notre recherche
et toujours tu nous accueilles
quand nous allons à toi.
Dans l’obéissance de ton Fils,
fais-nous trouver le chemin de ta maison,
et ta tendresse comblera notre joie.
Par Jésus Christ, ton Fils,
notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.